Contraintes entomologiques niébé

Les contraintes entomologiques de la culture du niébé et leur mode de gestion par les producteurs dans les régions de Maradi et Zinder au Niger.

Ousséina ABDOULAYE ZAKARI (1), (2), Ibrahim BAOUA (2), Laouali AMADOU (1),
Manuele TAMÒ (3) et Barry Robert PITTENDRIGH (4).

(1) Institut National de la Recherche Agronomique du Niger (INRAN) Maradi, Niger (2) Université Dan Dicko Dankoulodo de Maradi, Niger (3) International Institute of Tropical Agriculture (IITA), Cotonou, Bénin (4) Department of Entomology, Michigan State University, USA.

Remerciements : L’étude a été réalisée grâce au soutien financier et matériel du Programme de Productivité Agricole en Afrique de l’Ouest (PPAAO) dans le cadre du projet "Promotion des biopesticides pour la gestion intégrée des insectes ravageurs du niébé en champ au Niger et au Burkina Faso", et du projet Legume Lab Innovation de l’Université Illinois financé par l’US Agency for International Development (USAID).

Résumé  : Les données collectées ont permis de caractériser les exploitations agricoles au niveau des deux zones d’étude. Les familles disposent de champs de petites tailles de 2 à 3 ha pour la culture des céréales et des légumineuses, le tiers des surfaces est consacré à la culture du niébé. Cette légumineuse est souvent associée au mil qui est l’alimentation de base des familles. Le niébé est aussi reconnu pour ses multiples avantages dans l’alimentation des ménages, du bétail mais aussi contribue à l’amélioration des systèmes de cultures et de la fertilité des sols.

Extraits du texte : Les focus groupes ont fait ressortir principalement quatre contraintes de production. La pression des insectes ravageurs a été notifiée par plus de deux tiers des villages. Les producteurs au niveau des villages ont ressorti les deux ravageurs majeurs du niébé suivants :
- Le puceron A. craccivora : c’est une des espèces la plus crainte et évoquée par plus des deux tiers des villages. Il s’agit d’un ravageur qui attaque le niébé à tous ses stades de développement. Les pertes occasionnées à la culture du niébé sont estimées entre 20 et 40%.
- La punaise brune C. tomentosicollis : elle infeste le niébé au cours de sa phase de fructification et développe au moins trois générations. Les larves et les adultes vivent sur les plants se nourrissant continuellement sur les gousses et occasionnant des pertes de rendement de 17,5 à 26,5%).

Ces bioagresseurs sont bien connus des producteurs puisque 60% à 100% des villages ont décrit les organes de la plante attaqués et les signes de présence des ravageurs. Ils ont aussi jugé leurs impacts négatifs sur la production comme « moyen » et « élevé.

Les producteurs ont aussi listé les deux ravageurs suivants comme secondaires :
- M. vitrata : Il s’agit d’une pyrale connue comme ravageur primaire de plusieurs légumineuses. M. vitrata se développe dans les bourgeons, les fleurs et les gousses. Les pertes de production associées à cette pyrale varient de 20 à 80% selon les années.
- Mylabris sp. : Il s’agit de coléoptères qui envahissent la culture au stade floraison. Ils se nourrissent du pollen, des fleurs et souvent des gousses. Mylabris sp. a été évoqué par 25,5% des villages, mais l’insecte est bien visible dans les champs de niébé se nourrissant des fleurs en raison de sa coloration prononcée et sa grande taille.

Les données de cette étude, démontrent que le lépidoptère M. vitrata est méconnu des producteurs. Ils l’ont décrit comme ravageur des gousses, mais l’insecte se nourrit aussi des jeunes feuilles et des fleurs et est donc aussi responsable de la perte des fleurs. L’espèce pourrait être aussi rare dans les régions de Maradi et Zinder. Très peu de données sur le ravageur sont aussi disponibles au Niger.

Les Thrips des fleurs M. sjöstedti n’ont pas été évoqués par les répondants des deux régions. Il s’agit d’un ravageur très important. Les larves et les adultes sont responsables de la chute des fleurs et peuvent causer des pertes de rendement de 20 à 100%.

Pour les méthodes de lutte, seulement 32,2% utilisent les pesticides chimiques malgré leur impact négatif sur l’environnement et la santé humaine. Plus du tiers des villages ne fait rien malgré la pression importante des insectes ravageurs. Cette situation explique les faibles rendements du niébé de 129 et 138 kg /ha qui sont en dessous des moyennes régionales.

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