Marchés céréaliers /typologie

La typologie des marchés céréaliers du Niger

Avertissement :

Cette note est tirée du Document de travail n°95 juin 2010, intitulé « Prévenir les crises alimentaires au Sahel : des indicateurs basés sur les prix de marché ». Ce document présente une étude réalisée par Catherine Araujo Bonjean, Stéphanie Brunelin, Catherine Simone du Centre d’Etudes et de Recherches sur le Développement international (CERDI) à la demande de l’Agence française de Développement (AFD).


Rappel : le Système d’information sur les marchés agricoles (SIMA) du Niger

Le Système d’information sur les marchés agricoles (SIMA) du Niger date de 1989. Il est sous la tutelle du ministère du Commerce, de l’Industrie, de l’Artisanat et de la promotion du Secteur privé. Son budget de fonctionnement est assuré par l’Etat nigérien et la Commission européenne.
Au total, le SIMA nigérien suit une quarantaine de produits sur 80 marchés, dont 60 fixes et 20 qui peuvent varier en fonction de leur niveau de vulnérabilité. Il suit également six marchés transfrontaliers.

Sur chaque marché, le SIMA dispose d’au moins un enquêteur chargé de collecter les informations. Au niveau de chaque région, un représentant régional est chargé de contrôler et de centraliser les données collectées par les enquêteurs chaque semaine sur l’ensemble des marchés suivis.

L’échantillon des produits suivis est composé de céréales (mil, sorgho, maïs, riz paddy et blé), de produits de rente (ail, arachide, oignon, niébé, etc.) et des fruits, des légumes et des tubercules. Les informations collectées sont traitées et diffusées à travers plusieurs bulletins.

- Le bulletin Hebdo présente chaque semaine l’analyse des prix au sac des céréales à partir des relevés effectués sur les différents marchés. Ces prix qui sont diffusés sur les antennes de la radio nationale.
- Le bulletin mensuel « Volet céréales » présente l’évolution des prix des céréales : mil, sorgho, maïs, et riz, un point sur les termes de l’échange « bouc / sac de mil », le fonctionnement des marchés en zones vulnérables et des marchés transfrontaliers.
- Le bulletin mensuel « volet produits de rente » présente les prix des produits agricoles suivants : ail, arachide, oignon, poivron séché, sésame, niébé, souchet, gomme arabique et tomate séchée.
- Le bulletin hebdo « Fruits et légumes » présente l’analyse des prix au kg des fruits et légumes relevés chaque semaine sur les marchés des chefs lieux de région.

Typologie des marchés céréaliers

Le SIMA nigérien classe les marchés du pays en quatre catégories : les marchés de collecte, les marchés de regroupement, les marchés de consommation et les marchés frontaliers.

Les marchés de collecte sont généralement des marchés ruraux situés en zone de production. Les produits présents sur ces marchés proviennent de localités voisines et les vendeurs sont essentiellement les producteurs ou les collecteurs primaires résidant dans ces localités.

Parmi les marchés de collecte : Dogondoutchi, Yeda, Fadama, Dioundou, Aguié, Tchadaoua, Sabon, El Kolta, Koona, Tessaoua, Filingué, Balléyara, Kokomani, Tillabéri, Dungass, Bande, Matameye, Koudoumawa, Bakin Birgi, Tanout, Garare et Mayahi.

Les marchés de regroupement sont ceux où sont rassemblés les produits collectés avant leur transfert vers les autres marchés. Ils sont situés dans les centres urbains ou ruraux, en zone de production. La saisonnalité de l’offre est moins marquée que dans les marchés de collecte, car ces marchés disposent de magasins de stockage gérés par des commerçants locaux.

Parmi les marchés de regroupement : Agadez, Diffa, Dosso, Maradi, Tahoua, Tounfafi et Zinder.

Les marchés de consommation se situent dans les grands centres urbains et dans les centres déficitaires en zone rurale comme dans l’Est, le Nord et le Centre du pays. Ces marchés polarisent l’essentiel des flux et, en raison de l’existence d’infrastructures de stockage mieux adaptées, permettent un meilleur étalement de l’offre dans le temps.

Parmi les marchés de consommation : Arlit, Goudoumaria, N’Guigmi, Loga, Mokko, Dakoro, Ibohamane, Ouallam, Gotheye, Torodi, Gouré, Niamey, Bouza, Ingall, Téra et Badaguichiri.

Les marchés frontaliers sont situés à proximité d’une frontière. Ces marchés servent de relais nationaux aux circuits transfrontaliers de commercialisation. Leur activité dépend en grande partie du déroulement de la campagne agricole au Niger et dans les pays voisins, ainsi que d’autres facteurs liés aux politiques commerciales des différents pays.

Les marchés de Konni, Magaria, Dan-Issa, à la frontière du Nigeria, et de Gaya, à la frontière du Bénin, sont parmi les marchés frontaliers les plus actifs dans le secteur des céréales.

Il faut noter que la typologie des marchés n’est pas figée. La classification d’un marché varie en fonction de l’état de la campagne. Un marché de collecte peut se transformer, pour une ou deux années, en marché de regroupement ou, à l’opposé, en marché de consommation de zone rurale. La typologie qui sert de base à l’analyse des marchés est donc une donnée changeante, qui évolue au gré des années en fonction de l’état des récoltes.

Les circuits de commercialisation

Les principaux marchés céréaliers extérieurs sur lesquels s’approvisionnent traditionnellement les commerçants nigériens sont les marchés voisins du Nigeria (Dawanau, Jibia, etc.) et du Bénin (Malanville).

Les importations de céréales provenant du Burkina Faso et du Mali à destination de Niamey et des villes de l’Ouest du Niger suivent des circuits d’approvisionnement relativement récents. Cependant, les circuits d’approvisionnement du Niger en céréales du Burkina Faso tendent déjà à se pérenniser.

En effet, même si les quantités de maïs et de mil/sorgho en provenance de ce pays sont loin d’être aussi importantes que les importations du Bénin et du Nigeria, ces circuits sont désormais actifs toute l’année. Certains opérateurs nigériens commencent ainsi à placer des collecteurs dans les zones de production du Burkina Faso. Il faut souligner également que le Burkina Faso est un pays de transit pour le maïs provenant du Ghana et destiné au Niger.

Les circuits du mil

Les circuits commerciaux à travers lesquels s’effectuent la collecte et la distribution des céréales sèches (mil, sorgho) débutent principalement dans les zones de production de Maradi et de Zinder, d’après les analyses du SIMA.

Les produits sont collectés et regroupés à Maradi puis transférés vers les marchés de Niamey, Agadez et Tahoua. A partir de Niamey, des circuits de distribution plus courts assurent l’approvisionnement des marchés de Tillabéri, Ouallam et Téra.

La région Ouest est aussi une région d’approvisionnement en mil pour Niamey. Ainsi, du mil provenant du Burkina Faso est acheminé vers Niamey et l’Ouest du Niger, tandis que des circuits de commercialisation reliant certains marchés de collecte de l’Ouest aux régions frontalières du Mali s’animent occasionnellement dans les deux sens.
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Par ailleurs, une grande partie du mil consommé au Niger est importée du Nigeria ; ces importations empruntent les circuits suivants :

- Kano-Zinder (Maradi)-Niamey,
- Illéla-Niamey en passant par Konni,
- Jibia-Niamey par Maradi et Konni,
- Kandjiwa-Niamey en passant par Dosso.

Les circuits du maïs

La production nigérienne de maïs étant très faible, la consommation nationale est essentiellement assurée par des importations en provenance du Bénin et du Nigeria. Le maïs transite par les marchés frontaliers avant d’approvisionner les villes de l’Ouest, dont Niamey.

Le maïs originaire du Bénin est acheminé dans les marchés de Filingué, Gaya, Dosso, Mokko, Loga et Balléyara via Malanville. Des circuits plus ou moins longs drainent le maïs de Dosso vers les marchés de Birni, N’Gaouré, Fabigui, Kirtachi, Kollo et Niamey. Les échanges de Malanville à Niamey sont effectués par voie terrestre ou fluviale et passent alors par Kirtachi et Say.
Le maïs en provenance du Nigeria est distribué au Niger à travers plusieurs circuits : un long circuit débouchant sur Niamey dans le sens Sud-Ouest, un long circuit Sud-Nord vers Agadez et trois circuits plus courts en direction de Maradi, Zinder et Konni.
La région de Diffa est approvisionnée à partir de Damassak au Nigeria à travers un axe Sud-Est. A partir de Zinder et de Maradi, le maïs importé du Nigéria ravitaille les régions de Tahoua et d’Agadez.

L’intégralité du document est disponible en ligne sur le site de l’AFD / 134 pages - 2 Mo
http://www.afd.fr/jahia/Jahia/home/publications/publications-scientifiques/documentsdetravail/pid/70200

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