Filière riz Niger

Note d’analyse sur la filière riz au Niger (Mai 2014).

Rédaction : Par Nicolas Gergely, consultant pour la Banque mondiale (avec la participation de James Kanatiah, stagiaire auprès de GLG Consultants). Cette note a été réalisée à la demande de la Banque mondiale. Les observations, interprétations et conclusions qu’elle contient ne reflètent pas nécessairement les points de vue de la Banque Mondiale. Cette dernière ne garantit pas l’exactitude des données qu’elle contient. Cette note présente un caractère « public » conformément à la politique de la Banque Mondiale en matière d’accès à l’information.

Résumé :

La production. La production rizicole au Niger est estimée à 88 000 tonnes en 2013, dont 85% provient des aménagements hydro-agricoles (AHA). La superficie cultivée en riz sur les AHA atteint en année moyenne 7500 ha, sur environ 8 500 ha aménagés et rizicultivables, avec une intensité culturale très proche de 2. Les rendements sont actuellement de 5,4 tonnes/ha en hivernage et de plus de 7 tonnes en contre saison, ce qui constitue à la fois une nette amélioration par rapport aux rendements estimés au cours de la décennie précédente et une excellente performance par comparaison aux autres pays ouest-africains. Cette amélioration serait essentiellement due aux nouvelles variétés à fort rendement récemment introduites.

Coût de production, revenu pour le producteur et compétitivité.

Le marché nigérien du riz est protégé par des droits de porte de 16%, mais surtout par l’enclavement du pays, qui renchérit d’autant le prix du riz importé. De ce fait, le prix du riz et du paddy local, déterminé par le prix du riz importé, se situe à des niveaux nettement supérieurs à celui de la plupart des pays ouest-africains (de 150 à 200 FCFA, selon les saisons pour le paddy). Du fait de ces prix élevés et des rendements obtenus, la rentabilité de la riziculture irriguée est élevée (marge nette de 588 000 FCFA/ha, avec un coût de production de 109 FCFA/kg en moyenne), même si, du fait de l’exiguïté des parcelles, le revenu par exploitation reste faible (150 000 FCFA par cycle). Une comparaison avec le Sénégal montre toutefois que le coût de production (750 000 FCFA/ha) est plus élevé d’environ 33% au Niger, du fait notamment d’une main d’œuvre mieux payée et du recours nécessaire au crédit de campagne informel, faute de mécanisme de crédit institutionnel.

La commercialisation.

L’approvisionnement du Niger en riz est assuré à 80% par les importations. Un tiers de la production locale est autoconsommé, le reste étant majoritairement commercialisé par le circuit traditionnel et transformé en riz décortiqué artisanalement (le plus souvent après étuvage). Ce riz est vendu sur les marchés à un prix d’environ 10% inférieur au prix du riz importé, en raison de sa qualité inférieure et d’une mauvaise connaissance par les consommateurs urbains des avantages du riz frais.

A côté de ce circuit traditionnel, il existe un circuit de commercialisation « étatique » pour le paddy collecté par les coopératives, lesquelles vendent, via leur organisation faîtière, à l’OPVN, qui fait usiner le paddy à façon, principalement par l’entreprise d’Etat Riz du Niger. Ce circuit, qui ne porte que sur 10 à 15% des quantités mises en marché, achète le paddy à un prix supérieur au prix du marché (194,4 FCFA). Compte tenu de coûts d’usinage particulièrement élevés, le riz est produit par ce circuit à un coût non compétitif par rapport aux importations, et doit donc être lourdement subventionné par l’Etat. Ce circuit a connu au cours des années passées de fortes perturbations, en raison de l’irrégularité des ressources budgétaires de l’OPVN, qui rendent imprévisibles les quantités qu’il peut acheter. Ces perturbations affectent la trésorerie des coopératives (qui ne sont pas encore payées de leur stock de paddy de la campagne d’hivernage 2013), et, par voie de ricochet, celle de la Centrale d’achat (à qui les coopératives ne peuvent pas payer l’engrais livré).

Pistes de réflexion.

La note suggère un certain nombre de pistes de réflexion pour l’amélioration des performances de la filière :
- Le renforcement de capacité des coopératives apparait comme une priorité
- D’autres pistes devraient explorer pour améliorer la commercialisation et la transformation du paddy : l’appui à la transformation artisanale, qui pourrait très largement améliorer ses performances par l’accès à un équipement adapté, à des financements et à un appui-conseil technique ; l’accès des coopératives au crédit de stockage, qui leur permettrait de s’affranchir du circuit étatique et de développer des partenariats avec des groupements de transformatrices artisanales et des rizeries ; l’introduction d’une certaine concurrence entre la rizerie publique et des rizeries privées.
- L’absence de mécanisme de crédit de campagne pour les producteurs devrait être palliée par une amélioration de l’accès des coopératives à des crédits bancaire de campagne, qu’elles pourraient distribuer à leurs membres contre engagement de paiement en nature à la récolte.

Sommaire :
- 1. La production rizicole
- 2. Organisation des producteurs et des services à la production
- 3. Le statut foncier et la problématique foncière liée à l’irrigation
- 4. Le bilan offre / demande en riz
- 5. Coût de production et rentabilité du riz local
- 6. Le système des prix du riz local et importé
- 7. La commercialisation du riz local et la crise du système de commercialisation étatique
- 8. Conclusions et pistes de réflexion

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