Centres de collecte lait au Niger

Promouvoir le lait local au Sahel : L’expérience des centres de collecte paysans multi-services au Niger

Contributeurs : Ce document de synthèse est issu des nombreuses études réalisées dans le cadre du projet Nariindu, par l’IRAM et ses partenaires Karkara VSF-B, AREN, RBM. Les aspects généraux relatifs à la filière lait en Afrique de l’ouest ont été tirés du récent ouvrage (2013) de l’UEMOA réalisé par le CIRAD.

Le lait cru du Niger n’est que très faiblement valorisé, du fait de la très forte saisonnalité de la production et d’un réseau de commercialisation peu développé, alors que les besoins urbains sont importants et en constante augmentation. Environ 85 % des produits laitiers des laiteries de Niamey sont issus de la poudre de lait importée. Cette forte dépendance des importations rend le pays potentiellement vulnérable aux chocs exogènes de prix et à une insécurité alimentaire grave, comme l’a prouvé la crise économique et alimentaire de 2008.

Le projet Nariindu a permis de développer une solution innovante de centre de collecte paysans multi-services, de 2012 à 2015. C’est un chaînon manquant de la filière lait locale qui a ainsi pu être mis en place : les centres offrent aux éleveurs du conseil et des intrants pour améliorer la santé des troupeaux et la qualité du lait (aliment en priorité, mais également soins vétérinaires, etc.) ; les éleveurs payent ces services avec le lait, qui leur fourni par ailleurs une source de revenus régulière. Les petits collecteurs privés, avec le soutien financier (avances) et technique des centres, assure le lien avec les éleveurs. En aval, l’industrie laitière reçoit un lait de qualité en plus grande quantité, et peut ainsi envisager le développement de produits à plus forte valeur ajoutée. La gouvernance paysanne des centres permet d’impulser une réelle dynamique territoriale, et d’accroître le pouvoir de négociation du prix du lait.

La consommation du lait et des produits laitiers est de 63,8 L par habitant/par an au Niger (60 L en France). Les importations de lait au Niger, de 1996 à 2006, se sont élevées en moyenne à 37 000 tonnes équivalent lait par an soit en valeur 7,3 milliards de francs CFA par an (Gilles Vias, 2010). Après une chute drastique de 50% en 2007 due à la flambée des prix, les volumes importés ont connu une augmentation pour se stabiliser autour de 10300 tonnes en équivalents lait (FAOSTAT, 2012). La valeur des importations s’élève à 16,5 Mrd de FCFA (25,15 millions d’euros).

Afin de répondre à l’importante demande en produits locaux à Niamey, et d’offrir aux éleveurs à la fois des débouchés pour leur lait et des services, un premier centre de collecte a été mis en place dès 2008 à Hamdallaye (projet PSEAU mis en œuvre par l’IRAM sur un financement de l’AFD). Ce premier test s’avérant prometteur, l’initiative a été poursuivie par un consortium d’ONG internationales et nationale et d’organisations d’éleveurs nationale et internationale - IRAM, VSF-Belgique, Karkara, AREN et RBM. Un deuxième centre a alors été installé à Kollo, les deux centres étant alors accompagnés.

Le projet Nariindu a été mis en œuvre sur une période d’environ 3 années capitalisant les acquis du projet précédent (PSEAU), avec pour objectif spécifique de développer des centres de collecte gérés par les éleveurs, afin d’assurer un approvisionnement de Niamey en lait local de qualité. Le centre de Hamdallaye, directement opérationnel car construit en 2008, a pu bénéficier rapidement des appuis du projet, alors que le centre de Kollo n’a été opérationnel qu’en 2013 (inauguration fin 2012).

Les centres d’Hamdallaye et de Kollo sont en général appelés « centre de collecte », or ce raccourci ne reflète pas bien les activités réelles et l’originalité du modèle de ces centres. L’appellation « centres de collecte paysans multi-services » semble mieux décrire leurs activités.

Les éléments importants du modèle sont en effet les suivants : (i) Multi-services (collecte et commercialisation de lait + approvisionnement en aliment du bétail + conseil technique) et pas seulement collecte ; (ii) Gouvernance paysanne (les Centres sont gérés par UPROLAIT et KAWTAL, deux coopératives) ; (iii) Centre reposant sur un bassin de production (de Kollo et Hamdallaye, identifiés comme ceux à plus fort potentiel par l’IRAM) ; (iv) Liaison à l’aval avec un industriel (demandeur de lait local en quantité et qualité) ; (v) Collecter plutôt que transformer (à la différence des mini-laiteries) afin de toucher un plus grand nombre d’éleveurs.

Sommaire :
- 1. Les enjeux liés au développement des filières lait locales au sahel
- 2. Le secteur laitier au Niger et en périphérie de Niamey
- 3. Le projet Nariindu : une réponse innovante aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux en périphérie de Niamey

  • Présentation succincte du projet Nariindu
  • Le modèle des centres de collecte paysans multi-services

- 4. Les principaux résultats du projet et les enjeux

  • Des performances techniques prometteuses
  • Une viabilité économique et financière assurée, mais des faiblesses de gestion et de gouvernance
  • Viabilité sociale et prise en compte de la place des femmes dans la filière
  • Enjeux et recommandations importantes
  • Les éléments constitutifs des modèles « centre de collecte

- 5. Quels enseignements pour le développement des filières lait locales au Sahel ?

  • Un partenariat gagnant entre petits producteurs et industrie laitière
  • Les OP ont un rôle à jouer, au bénéfice des éleveurs et de l’industrie laitière
  • Un plaidoyer à articuler autour des nouveaux enjeux globaux

Télécharger les enseignements du projet Nariindu, 23 pages, 4,9 Mo.

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