La filière oignon / axes de compétitivité

La filière oignon au Niger / Les axes d’amélioration proposés dans l’Etude diagnostique sur l’intégration commerciale / Décembre 2008

Le RECA vous propose un extrait de la partie consacrée à la filière oignon de l’Étude Diagnostique sur l’Intégration Commerciale Niger, Programme du « Cadre Intégré » / La Modernisation du Commerce pendant un Boom Minier. Il s’agit principalement des recommandations de l’étude pour améliorer la compétitivité de la filière oignon.


L’OIGNON

L’histoire de la production et de la commercialisation de l’oignon remonte au lointain passé du Niger, bien avant la colonisation. On pense que des oignons du Niger étaient expédiés par les routes commerciales transsahariennes dès le VIIIe ou IXe siècle. On estime que le Niger, lors de l’indépendance en 1960, produisait de 25 à 30 mille tonnes d’oignon par an. Au cours des 10 dernières années (1996-2005) la production a été en moyenne d’environ 270.000 tonnes . Ceci représente une multiplication par 10 en 45 ans.

Les agriculteurs ont été capables d’accroître la production grâce à l’adoption généralisée de meilleures techniques d’irrigation à petite échelle, notamment l’expansion de l’utilisation de puits peu profonds (jusqu’à 7 mètres) creusés à la main et munis de tuyaux en PVC et l’utilisation de petites motopompes assez robustes. D’autres améliorations sont venues de l’utilisation de tuyaux en PVC enterrés dans les champs (le « système californien ») pour que l’eau pompée soit diffusée plus efficacement sur une plus large superficie de champs. La production est concentrée à proximité des larges lits de rivières périodiquement à sec qui traversent une grande partie de la région centrale du sud du Niger, telle que la « zone de Maggia » qui est le centre de la production de l’oignon dans la zone de Madaoua de la Région de Tahoua. Ces zones ont des sols relativement riches et des nappes phréatiques peu profondes ; l’utilisation de techniques d’irrigation améliorées a permis aux cultivateurs de supprimer la plupart des obstacles les plus contraignants à la production.

Il est certain que l’irrigation jouera un rôle important dans l’expansion de la production d’oignons. Le pays ne manque pas d’eau. L’estimation la plus courante est de 270 000 ha potentiellement irrigables, dont 1/10e seulement (29 000 ha) est actuellement exploité en maîtrise totale de l’eau, et 70 000 ha en maîtrise partielle de l’eau.

Si l’essentiel de la production d’oignon se fait pendant la saison sèche traditionnelle de décembre à février (la récolte étant essentiellement en mars), il y a eu une importante évolution avec la production précoce d’oignon dans la région d’Agadez (ces oignons arrivant sur le marché n octobre-novembre) et la production à la fin de la saison des pluies dans la principale région de production de Tahoua qui met des oignons sur le marché en décembre-janvier. Grâce à l’expansion des zones de production et à l’élargissement des périodes de récolte dans différentes zones, ainsi qu’à la progression des moyens de stockage, le Niger sera bientôt en mesure de commercialiser et d’exporter d’importantes quantités d’oignon presque toute l’année. Cela constituera un grand pas en avant pour la filière oignon du pays.

Actuellement, les obstacles les plus contraignants de la filière d’exportation de l’oignon du Niger semblent être l’amélioration du stockage à différents niveaux et l’organisation d’ensemble de la diffusion de l’information et de l’offre d’oignon dans les canaux de distribution.
Il est estimé que plus de 30 pour cent de la récolte s’avarie. L’augmentation du prix est souvent de l’ordre de 300 à 400 pour cent pendant l’année au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la récolte. Il restera des fluctuations saisonnières de cours (qui pousseront à des améliorations des techniques du stockage, à tous les niveaux), mais la capacité à fournir des oignons toute l’année renforcera la puissance commerciale des réseaux d’exportation.

La capacité de stockage d’oignon à grande échelle (8.000 tonnes) mise en place par les frères Wankoye près de Niamey jouera un rôle important dans l’étalement des exportations de l’oignon toute l’année. Au niveau des exploitations, les unités coniques de stockage de l’oignon qui sont largement utilisées ne semblent pas optimales pour la principale période de stockage (de mars à juin) car elles causent de fortes pertes. L’utilisation d’autres techniques plus appropriées (constructions en terre, “banco”, avec toits en paille, poteaux en métal et rayons en grillage en lieu et place du stockage dans le sable) permettrait aux producteurs, individuellement ou dans le cadre d’associations ou de coopératives, de tirer profit des bénéfices venant des différences de cours selon le moment de l’année. La question est de savoir qui tirera profit de l’amélioration du stockage et des hausses saisonnières des cours aux différents points des canaux de distribution.

Cette question est liée à celle plus large de la gestion de l’offre et de l’information sur les marchés dans les canaux de distribution. Le PPEAP a montré que l’investissement consenti pour améliorer la connaissance des marchés de l’oignon peut être très rentable. Mais, les réseaux d’exportation actuels de l’oignon ont d’assez bonnes informations sur les exigences en matière de qualité et sur les évolutions des cours sur les marchés côtiers visés. Cependant, ces informations sont largement utilisées par les commerçants traditionnels pour des gains à court terme venant d’un arbitrage dans l’espace et le temps. La question est de savoir comment ces systèmes d’information sur les marchés peuvent être améliorés « de l’intérieur » de façon non seulement à bénéficier aux exportateurs d’oignons à leur niveau actuel de développement, mais encore à réaliser une certaine modernisation des infrastructures et de la pratique des affaires.

Ces dernières années, l’ANFO , au niveau national et surtout aux niveaux régional et communal, est devenue une organisation ayant une grande capacité à faire progresser la filière oignon et à obtenir une répartition équitable des bénéfices obtenus entre les producteurs et leurs familles, et le personnel saisonnier. Chaque adhérent payant un droit d’entrée de 1.500 FCFA, plus une taxe professionnelle revenant à l’ANFO de 25 FCFA/sac (les négociants, eux, sont supposés payer 100 F.CFA par sac) d’oignons vendus, il y a suffisamment d’argent pour couvrir les frais de personnel et de fonctionnement de chacune des unions communales.

Recommandations pour la filière oignon... dans la note jointe la suite de l’étude.

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