Pour une alliance renouvelée entre industriels et éleveurs laitiers en Afrique de l’Ouest.
Note du RECA : Les importations de produits laitiers au Niger représentaient 5 milliards de F.CFA en 1999 et 20 milliards de ces mêmes F.CFA en 2017, avec un pic de plus de 26 milliards en 2014, dû à une exonération de la TVA. En kg de lait (même chose que le litre pour simplifier) cela représente 19.869.590 kg (source INS), soit pour une lecture plus facile presque 20 millions de litres de lait.
Cette note produite par le CIRAD et OXFAM propose des mesures pour promouvoir la collecte et la mise en marché de lait local.
Le RECA soutient particulièrement celle qui consiste à « amener progressivement les industries à atteindre un taux minimal de collecte. Les Etats, préoccupés à la fois par leur balance commerciale déficitaire et le développement des zones rurales, peuvent aussi envisager certaines mesures plus incitatives ou coercitives. Il s’agit surtout d’exiger dans le cahier des charges des entreprises, au moment de l’obtention de la licence, un pourcentage ou un quota minimal de collecte de lait dans la transformation des produits laitiers. Les mesures existent au Mali et au Nigeria, même si elles ne sont pas toujours appliquées de manière intégrale. Le barème minimum est de l’ordre de 10 à 20 %. » |
Extraits de la note :
Tous les pays ouest-africains sont déficitaires en lait. La place de ces importations est considérable dans les capitales où le lait de brousse est peu commercialisé en raison de l’éloignement des zones de production, des coûts induits par la logistique et de la saisonnalité de la production.
Montant des importations de produits laitiers en F.CFA (source INS).
Dès lors, la plupart des entreprises laitières européennes et africaines se concentrent sur l’approvisionnement du marché des capitales, notamment des grands centres urbains côtiers, en utilisant comme matière première de la poudre de lait importée. La poudre importée en vrac est alors soit ré-ensachée en petits conditionnements, soit utilisée pour fabriquer divers produits. Cette stratégie garantit à la fois de fournir le marché de masse et de s’approvisionner à faibles coûts, les prix internationaux restant en moyenne inférieurs au prix du lait local.
La stratégie industrielle basée sur l’importation de matières premières à bas prix a été favorisée par les politiques commerciales libérales qui ont été conduites en Afrique de l’Ouest depuis le début des années 2000. La réduction des tarifs douaniers, très favorable aux importations, s’est justifié à la fois par les négociations à l’OMC, mais aussi par la volonté des gouvernements de privilégier l’accès des consommateurs à des produits de base à bas prix. Au sein de la CEDEAO le tarif extérieur commun (TEC) adopté en 2014-2016 prévoit un niveau de taxation de la poudre de lait en vrac de seulement 5%.
Au total, une vingtaine de laiteries ouest-africaines collectent du lait local. Pour ces entreprises, la collecte locale intervient en complément de l’utilisation de poudre qui reste la matière première majoritaire. Seules 2 laiteries utilisent exclusivement du lait local : il s’agit de la Laiterie de Fada N’Gourma au Burkina Faso et de la laiterie Tiviski2 en Mauritanie. Ces initiatives de collecte sont-elles un feu de paille ? Ou bien constituent-elles un réel espoir pour le développement de la production laitière en Afrique de l’Ouest ?
La production ouest-africaine est estimée à 4 milliards de litres de lait trait. Le cheptel est détenu en grande majorité par des centaines de milliers de familles d’éleveurs pastoraux ou agro-pastoraux valorisant les parcours naturels et les résidus de récolte. Ces élevages familiaux sont pour la plupart très isolés. Faute de systèmes de collecte performants, seuls 60 millions de litres sont transformés par les laiteries (soit moins de 2 %). La marge de progression pour la collecte industrielle locale est par conséquent très élevée.
Pour contribuer au développement durable des économies africaines, les firmes laitières doivent donc opérer un véritable virage stratégique en faveur de la collecte de lait auprès des élevages familiaux.
Mesures à promouvoir en faveur de la collecte de lait :
Rendre le lait en poudre importé moins attractif pour les industriels ;
Rendre le lait local plus attractif pour les industriels ;
Ces mesures concerneront l’exonération du matériel de traite, de pasteurisation et de transformation du lait local, et dans une moindre mesure l’aliment de bétail
Elles concerneront surtout l’exonération de TVA pour les produits laitiers fabriqués à base de lait local.
Amener progressivement les industries à atteindre un taux minimal de collecte.
Les Etats, préoccupés à la fois par leur balance commerciale déficitaire et le développement des zones rurales, peuvent aussi envisager certaines mesures plus incitatives ou coercitives. Il s’agit surtout d’exiger dans le cahier des charges des entreprises, au moment de l’obtention de la licence, un pourcentage ou un quota minimal de collecte de lait dans la transformation des produits laitiers. Les mesures existent au Mali et au Nigéria, même si elles ne sont pas toujours appliquées de manière intégrale. Le barème minimum est de l’ordre de 10 à 20 %.
Favoriser la contractualisation et responsabiliser aussi les fournisseurs de lait.
Cette note est produite dans le cadre d’un consortium d’acteurs engagés dans la campagne régionale de promotion du lait local en Afrique de l’Ouest « Mon lait est local ».
Pour plus de détails, télécharger la note d’orientation, 8 pages, 687 Ko.