Explosive géopolitique du riz

Explosive géopolitique du riz en Afrique.

Par Adama WADE - Directeur de publication de Financial Afrik / 30 octobre, 2019.

La forte croissance de la demande ouest-africaine en riz n’est pas couverte par la production locale. D’où le recours à l’importation du riz asiatique aux conséquences certaines sur les réserves en devises des pays concernés. Pendant que certains pays s’essayent à l’autosuffisance, d’autres poursuivent d’importer des quantités au-delà de leurs besoins.

L’Afrique de l’Ouest importe en effet 5 millions de tonnes de riz blanchi pour compléter une production qui ne couvre que 60% des besoins. Les trois importateurs de riz de la région sont dans l’ordre le Nigeria (2 millions de tonnes), la Côte d’Ivoire (900 000 tonnes) et le Sénégal (700 000 tonnes) selon inter-reseaux.org. Faut-il le préciser, le marché mondial du riz n’est pas régulé. Les pays exportateurs vendent leurs surplus et le font dans une logique de régulation de leurs propres marchés intérieurs.

Face à cette avalanche, les États (presque tous) engagés dans des politiques de production locale, procèdent à des restrictions dont le cas le plus spectaculaire est la fermeture unilatérale, le 20 août 2019, de la frontière entre le Nigeria et le Bénin. En l’absence de concertation et de politiques agricoles communes, ces mesures dirigées envers les pays voisins freinent l’intégration régionale et les échanges sur d’autres produits et services. Le Nigeria qui a lancé son programme d’autosuffisance en riz en 2015 a (officiellement) vu ses importations chuter de 786 000 tonnes à 90 000 tonnes, cela bien que nombre d’organismes internationaux continuent à lui prêter un volume importé de riz blanc de l’ordre de 2 millions de tonnes.

A l’inverse, le Bénin a vu ses importations augmenter au-delà de ses besoins nationaux. Soumis à un taux de dédouanement de 12%, le riz béninois est réexporté vers le Nigeria pour compenser une demande toujours plus forte. Selon la National Institute of Statistics and Economic Analysis, les importations réceptionnées au port de Cotonou sont passées de 600 000 tonnes en 2010 à 1 400 000 tonnes en 2014, soit une valeur passée de 160 à 504 milliards de Franc CFA. Au delà de l’impact concurrentiel sur une production locale nigériane submergée par la demande, il y aurait un effet sur le naira vis-à-vis du Franc CFA.
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