Conseil et agroécologie Niger

État des lieux de la prise en compte des transitions agroécologiques dans la fourniture des services de conseil Agricole au Niger.

Note de synthèse / Auteurs : Christophe RIGOURD (Iram), Dr. ADAM Mamadou (consultant indépendant), Patrick DELMAS (RECA).

Cette étude a été pilotée par l’Iram pour le compte du projet ACOTAF. Elle a été réalisée par un consultant nigérien indépendant appuyé par l’Iram et le RECA. L’Iram a assuré le cadrage méthodologique, le suivi et l’assurance qualité du rapport, le RECA assurant la fonction de structure nationale d’accompagnement. L’atelier final de restitution et de validation a été conjointement organisé par le RECA et l’APCA le 10 novembre 2021, il a réuni 35 personnes. Le rapport complet fait 189 pages et est accessible sur les sites du RECA et de l’APCA. La note de synthèse présente les principaux éléments et a été validée par un panel d’acteurs nigériens.

Le projet ACOTAF se déroule simultanément dans cinq pays : le Niger, le Bénin, Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et la Guinée. Il a pour objectif de renouveler et renforcer le conseil agricole pour accompagner les transitions agroécologiques des agricultures familiales en Afrique sub-saharienne. ACOTAF est mis en œuvre par un consortium réunissant le CIRAD, l’Iram, l’Inter-Réseaux Développement Rural et le RESCAR AOC. Il s’appuie sur des structures d’accompagnement dans chacun des pays et il est financé par le Ministère (français) de l’Europe et des affaires étrangères.

Une première étude sur l’agroécologie et le Conseil Agricole au Niger.

Différents travaux et études ont déjà été conduits au Niger sur des questions d’agroécologie, la plus récente étant une étude FAO de 2019. Différents travaux et études ont également été conduits sur le Conseil Agricole au Niger, en particulier dans le cadre de l’I3N et de la relance du Conseil Agricole depuis 2016. En revanche cette étude sur la prise en compte des transitions agroécologiques dans la fourniture des services de conseil agricole est une première.

S’agissant d’une première étude sur ce sujet elle est forcément non-exhaustive, mais apporte des éclairages nouveaux sur les questions suivantes : Où en est l’agroécologie aujourd’hui au Niger ? Quels sont les besoins de transitions agroécologiques selon les filières et territoires ? Où en est le Conseil Agricole aujourd’hui au Niger ? Comment accompagne-t-il ces transitions agroécologiques ?

Les messages clés de cette étude :
- L’agroécologie, sous forme de pratiques ou de systèmes, est belle et bien présente au Niger bien qu’elle soit trop peu soutenue par les politiques Agricoles qui préfèrent parler « d’agriculture durable » et « d’agriculture intelligente face au climat ».
- En particulier le Niger dispose d’une longue expérience en matière de gestion durable des terres, de pastoralisme et de sécurisation des systèmes pastoraux. Il existe également d’autres expériences d’agroécologie plus ponctuelles conduites par les femmes de CERNAFA (Djoga), par quelques OPA/OPEL, par des ONG, par des entrepreneurs sociaux, etc.
- Pourtant des transitions agroécologiques sont nécessaires au Niger, mais complexes à mettre en œuvre. Certaines sont même nécessaires de façon urgente pour sortir des impasses techniques dans lesquelles les systèmes intensifs en intrants sont enfermés ou pour résoudre les crises agraires des systèmes pluviaux et pastoraux.
- Les besoins de transitions agroécologiques sont différents selon les filières. Selon les cas, on parle de « transition phytosanitaire » pour les filières riz, oignon et maraîchage, de « transition fertilité » pour les systèmes pluviaux, de « transition chaine de valeur et parcours » pour la filière lait et de « sécurisation des systèmes pastoraux » pour la filière bétail viande.
- Il n’est pas sûr que les concepts « d’agriculture durable » et « d’agriculture intelligente face au climat » soient suffisants pour relever les défis des crises agraires des systèmes pluviaux et des systèmes pastoraux, ni pour sortir des impasses techniques dans lesquelles les systèmes intensifs en intrants chimiques (riz, maraichage, oignons) sont enfermés. Des changements « transformationnels » sont en effet également nécessaires.
- Le SNCA apparait comme moyennement sensible à l’agroécologie et accompagne peu aujourd’hui les transitions identifiées. L’étude souligne par ailleurs que la pleine opérationnalisation du SNCA et de l’APCA sont des prérequis à l’accompagnement des transitions agroécologiques par le Conseil Agricole.
- Le niveau de sensibilité des dispositifs de Conseil à l’agroécologie est très variable. Les dispositifs paysans (OPA, OPEL, CRA/RECA) ou portés par des ONG semblent les plus sensibles à l’agroécologie. A l’inverse d’autres dispositifs privilégient le modèle de la Révolution Verte. D’autres enfin ont une approche duale. Les approches restent dominées par la vulgarisation technique de thèmes isolés alors que l’agroécologie suppose une approche plus large et un changement de posture (co-création de connaissances, valorisation des savoirs paysans).
- La sensibilité des fonctions support à l’agroécologie est-elle aussi variable. Certains éléments sont encourageants : par exemple la gouvernance paritaire du SNCA va dans le sens de l’agroécologie. A l’inverse l’insuffisante capitalisation de références nationales en matière d’agroécologie est un frein, de même que la trop faible formation des conseillers et conseillères.
- Le projet ACOTAF devrait pouvoir mener quelques actions pour accompagner la meilleure prise en compte des transitions agroécologiques par le SNCA en matière d’appui au plaidoyer, à la capitalisation et à la formation.

Lire la note de synthèse de l’état des lieux TAE et conseil agricole, 15 pages, 1,8 Mo.

Télécharger le rapport complet de cette étude, 189 pages, 5,1 Mo.

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