Evaluation - Lait Nariindu

Evaluation externe finale du projet Nariindu 3 : Promouvoir le lait local au Sahel

Auteurs : Dr Mahamadou Ali, Faculté d’Agronomie de l’Université Abdou Moumouni de Niamey - Pr Jean-François Grongnet, Professeur émérite, Agrocampus Ouest, Rennes - Avec la participation de Bassirou Tambo, en mission de Service civique national, assistant du Dr Mahamadou Ali / Initiatives Conseil International (ICI) – Février 2023.

Pour promouvoir la production de lait local au Niger, le projet Nariindu s’appuie essentiellement sur la mise en place de centres de collecte. C’est aux yeux des évaluateurs, l’axe principal du programme sur lequel s’articulent les autres actions poursuivies. En quelque sorte, c’est la logistique du lait, pour un meilleur accès au marché, qui a été l’objet principal de l’attention des concepteurs et c’est totalement justifié car sans logistique efficace, il ne saurait y avoir accès au marché.

Les caractéristiques physiques et biochimiques du lait font de lui la matière première agricole la plus fragile qui soit (grande activité de l’eau, pH neutre, grande richesse en matière organique très diversifiée). Elles font de lui un bouillon de culture idéal pour les développements bactériens. C’est donc la denrée la plus difficile à transporter et à traiter. Mettre au point une logistique efficace permettant à des céréales, des fèves de cacao, du niébé… d’accéder au marché reste assez simple. Pour le lait, c’est une tout autre paire de manches si bien que permettre au lait local d’accéder aux marchés solvables des grandes villes, reste un tour de force.

Le Niger est le pays le plus laitier du Sahel ; la demande urbaine est forte si bien qu’en face de cette production laitière notable mais plombée par une logistique défaillante, elle est actuellement satisfaite par des produits fabriqués avec de la poudre de lait grasse ou le plus souvent avec de la poudre maigre réengraissée avec des matières grasses végétales (poudres MGV).

Au Niger, le mouvement de création des centres de collecte, s’est inscrit dans le cadre d’une conjoncture nationale très spécifique. Le Niger présente l’exclusivité de receler en sa capitale, un nombre élevé d’opérateurs de la transformation laitière ayant atteint une véritable dimension industrielle. Citons, par ordre alphabétique : Laban, La laitière du Sahel, Niger Lait, Solani, Toukounous. Laban et Toukounous ne travaillent que des poudres à ce qu’il nous fut affirmé. Dans ce contexte de présence industrielle réelle et somme toute efficace, générer de nouveaux ateliers de transformation eut été une mauvaise manière faite à ces entreprises, ce qui aurait immanquablement contribué à renforcer leur intérêt pour les poudres importées et à les détourner du lait local. Quand le tissu industriel est défaillant ou inexistant, comme c’est le cas presque partout ailleurs, l’accès des produits laitiers, aux marchés urbains, peut passer par la mise en place d’un réseau de mini-laiteries (ex : UMPL/B du Burkina). A la différence d’un centre de collecte qui est avant tout, un relai logistique entre un transformateur et un producteur, une mini-laiterie collecte, transforme et commercialise. Son périmètre d’opérations est beaucoup plus étendu que celui d’un centre de collecte.

Une mini-laiterie travaille en flux tirés (c’est la demande du consommateur qui prévaut) d’où ce recours fréquent aux poudres. A l’inverse, un centre de collecte travaille en flux poussés : son activité est commandée par les quantités de lait produites par les éleveurs et il revient à l’équipe de gestion du centre de collecte, de trouver les clients. Ces deux logiques de travail sont très différentes.

Le projet Nariindu 3 est mis en œuvre par l’ONG Karkara et l’Iram sur financement de l’Agence française de Développement (AFD) et de la Coopération de la Principauté de Monaco.

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