Le warrantage, un dispositif pour améliorer la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne.
Tristan Le Cotty - Élodie Maître d’Hôtel - Issoufou Porgo - Julie Subervie - Raphaël Soubeyran (CIRAD).
Le warrantage se développe actuellement dans plusieurs pays du Sahel. C’est un dispositif de crédit-stockage mis en place par une organisation d’agriculteurs et une institution financière. Il consiste à stocker quelques mois une partie des céréales après la récolte dans un entrepôt en échange d’un crédit individuel. Sans ce crédit, les agriculteurs tendent à vendre leurs céréales dès la récolte pour rembourser les dettes ou subvenir à leurs besoins. Conséquence : les familles ont par la suite du mal à assurer la soudure, période de transition entre l’épuisement des stocks et la nouvelle récolte, et à investir dans leurs systèmes de production agricole. L’évaluation d’impact menée dans l’Ouest du Burkina Faso montre que le warrantage accroît la disponibilité alimentaire en période de soudure et qu’il renforce l’investissement et la production agricoles. Pour que son développement s’accélère, il est nécessaire de satisfaire trois conditions : disposer d’infrastructures de stockage adaptées, assurer la qualité des produits stockés, et établir des relations de confiance étroites entre institutions financières, organisations de producteurs et commerçants. Cette dernière condition est mise à mal par l’extension des conflits armés au Sahel.
Même si le warrantage est durable sur le plan économique et se diffuse, son développement se heurte à des difficultés. Il ne correspond qu’à une partie infime de la production agricole. Au Sahel, le warrantage se met en place depuis le milieu des années 2000 mais il connaît des fortunes diverses selon les pays, en fonction de la solidité des institutions de microfinance ou de la fiabilité des comités de gestion du warrantage. La Banque africaine de développement indiquait pour 2020 que le warrantage atteignait au Burkina Faso près de 5 700 tonnes réparties dans 300 magasins, avec un encours de crédit annuel de 311 millions de francs CFA. En revanche, il a pratiquement disparu du Niger en raison de défaut de liquidité ou de l’insolvabilité des institutions de microfinance.
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