Elevage au Niger /Revue du secteur

Revue du secteur de l’élevage au Niger / Février 2010

Rapport provisoire réalisé par Zakary RHISSA, Docteur Vétérinaire, spécialiste en production animale et politiques d’élevage

Note du RECA : En général, un rapport provisoire signifie qu’il n’est pas (encore) validé et n’engage que son auteur, et non la structure qui l’a commandité.

Le Niger était considéré à l’époque coloniale comme un pays à vocation essentiellement d’élevage de l’Afrique occidentale française (AOF). En dépit de tous les programmes et politiques mises en œuvre au Niger depuis l’indépendance, il faut admettre que de nos jours, certains indicateurs sont en perte de vitesse, en particulier la consommation des produits animaux qui est en chute constante. En effet la consommation de viande qui était de 24 kg/personne/an en 1968, ne dépasse pas 6 kg/per/an actuellement. En outre le cheptel national, qui assurait aux populations une consommation moyenne de 107 litres de lait/personne/an en 1968, ne couvre, de nos jours, qu’environ 45 litres/personne/an avec une importante contribution des apports extérieurs estimés à plus de 6 000 tonnes de lait soit, en valeur, plus de 8 milliards de F CFA.

S’agissant de l’Afrique de l’Ouest, la demande croissante en produits animaux (lait, viande et œufs) constitue aujourd’hui des opportunités pour les producteurs nigériens pour accroître leurs productions. En effet, avec une croissance annuelle estimée à 4%, la demande de produits d’origine animale en Afrique de l’Ouest est appelée à augmenter de plus 250% d’ici à l’horizon 2020.

Comment permettre aux petits producteurs du Niger de pouvoir tirer leurs épingles du jeu face à cette forte demande en produits d’origine animale dans la sous région ? Le sous-secteur de l’élevage représente donc un atout majeur pour le pays pour contribuer davantage à la lutte contre la pauvreté, l’insécurité alimentaire à travers notamment l’augmentation des revenus et la création d’emplois en faveur des jeunes scolarisés ou non actuellement sans perspectives.

Ce « rapport provisoire » présente une revue du secteur de l’élevage avec un accent particulier sur les sous secteurs lait, bétail-viande, dans le contexte des petits producteurs. Cette revue devrait permettre aussi d’assembler les données de base actualisées nécessaires à la formulation de stratégies régionales pour chaque sous secteur en prenant en considération, une plus grande orientation vers le marché.

Ainsi, après une présentation du contexte général de l’élevage au Niger, l’étude dressera un état des lieux des filières lait et bétail viande suivi d’un bilan rapide des recherches zootechniques et vétérinaires avant de déboucher sur une revue des politiques et stratégies menées de la période coloniale à nos jours pour permettre de dégager des recommandations suffisamment pertinentes pour la formulation d’autres stratégies de développement pour ce secteur à partir des principales leçons apprises tout en restant en cohérence avec le contexte national et sous- régional de l’Afrique de l’Ouest.


Extraits choisis

L’élevage est pratiqué par près de 87% de la population active soit en tant qu’activité principale, soit comme activité secondaire après l’agriculture.

La valeur du capital bétail au Niger a été estimée à plus de 2000 milliards de
FCFA
, suite au recensement du cheptel de 2008.

Avec les crises pastorales que le pays a connues (1973 et 1984), d’autres types d’acteurs sont apparus dans la filière. La propriété du bétail est passée progressivement de l’éleveur traditionnel au commerçant et au fonctionnaire qui cherchent ainsi à rentabiliser leurs économies (bétail = banque sur pied) et à diversifier leurs activités. Cette mutation dans la propriété a entraîné des changements dans la gestion des troupeaux. On passe progressivement d’une gestion du bétail précaire à une gestion moderne et rentable.

Il est actuellement difficile de savoir si la concentration des troupeaux dans les mains de quelques propriétaires est un phénomène en expansion ou non. Cette modernisation de l’élevage maintient cependant les anciens éleveurs démunis devenus des bergers salariés et qui continuent d’utiliser leurs connaissances traditionnelles pour la gestion des troupeaux.

Le cheptel sédentaire est le plus important en termes d’effectif (66% de l’effectif total) avec une proportion plus élevée de caprins (42%). Les ovins, les bovins et les camelins représentent respectivement 28%, 23% et 5%.

Le cheptel nomade (18% de l’effectif total) est surtout constitué d’ovins (35% du cheptel nomade) suivis de caprins (32%), de camelins (20%) et de bovins (19%). Il est pratique pour l’essentiel (85%) dans les régions de Tahoua, Zinder et Agadez.

Le système d’élevage transhumant est pratiqué par les éleveurs qui effectuent aussi bien une transhumance interne qu’une transhumance transfrontalière sur de longues distances à la recherche de meilleures conditions d’affouragement notamment au Nigéria, Burkina Faso, Bénin, Tchad, Mali, Togo et Cameroun. La transhumance concerne particulièrement les éleveurs des régions sud du pays. Le cheptel transhumant représente 16% de l’effectif total du pays dont 46% effectue une transhumance transfrontalière.

La productivité de l’élevage est tellement faible selon les études menées qu’il faudrait à l’heure actuelle au moins 26 bovins adultes, 5 veaux et diverses autres espèces composées de camelins, d’ovins, de chèvres et d’un âne pour assurer la survie d’une famille de 5 à 6 personnes dans les conditions actuelles de production de la zone pastorale alors que deux vaches Azawack correctement bien entretenues suffisent à couvrir les besoins d’une famille de 5 à 6 personnes.

Commentaire du RECA : Cette phrase devrait provoquer des commentaires et réactions.

Par ailleurs des modèles d’intensification des exploitations agropastorales existent. Ils ont été mis au point et testés dans plusieurs pays dont le Niger. Ils permettent aujourd’hui d’introduire progressivement le progrès technique à travers l’approche par microprojet qui repose sur la responsabilisation totale des promoteurs, leur formation, l’accès au crédit et le suivi technique régulier sur une base se remboursement des coûts. Il s’agira simplement de créer des conditions favorables pour étendre les modèles en fonction des potentialités propres de chaque zone écologique.

La traduction de ces orientations en actions concrètes demeure encore le principal défi à relever, si l’on se réfère aux politiques et stratégies précédemment menées. En effet toutes les actions pour développer l’élevage sont connues de tous.

Commentaire du RECA : Dommage que ces modèles ne soient pas décrits dans le rapport, car il semble qu’il se trouve plus facilement des fonds sous forme de microprojets que d’idées de financement (en dehors des traditionnelles actions d’embouche et des banques d’aliments du bétail).

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