Suivi des microprojets avec « cash for work » financés dans le cadre du plan de soutien aux populations vulnérables de la CCA
Le Dispositif National de Prévention et de Gestion des Crises et Catastrophes (DNPGCA) a pour objectif la réduction de la vulnérabilité alimentaire conjoncturelle. A l’intérieur de ce dispositif, la Cellule Crises Alimentaires (CCA) est chargée de mettre en place des programmes d’atténuation des crises alimentaires (PAC) qui consistent, notamment, en l’exécution de microprojets dans les zones vulnérables afin de permettre aux populations de mener des actions de développement (moyen et long termes) moyennant vivres ou rémunération.
La maîtrise d’œuvre des microprojets est généralement assurée par des ONG et par les services techniques départementaux. Le contrôle technique des réalisations est souvent confié aux services techniques régionaux et départementaux. Le suivi externe est réalisé par des prestataires (bureaux d’études).
En plus des apports immédiats sous forme de rémunérations (cash for work), ces interventions doivent permettre, à moyen terme, de renforcer la résilience des communautés par la création d’actifs productifs représentés par les terres et les mares aménagées.
Les surfaces récupérées ou aménagées seront alors exploitées à des fins agricoles, pastorales et sylvicoles pour accroître les moyens d’existence des ménages. Cela veut dire que ces terres doivent donner des produits agricoles, des herbes ou des pailles, des produits forestiers (bois, gomme, fourrages, etc.).
Sur proposition le Comité restreint de Concertation (CRC) du 12 mai 2012, la décision d’impliquer le RECA dans la conduite des actions de suivi et pérennisation/consolidation des réalisations se situant dans le PAC 2012 a été prise. Il a été demandé au RECA et aux Chambres Régionales d’Agriculture (CRA) de réaliser un « suivi des activités de cash for work pour une pérennisation des résultats dans le cadre du plan de soutien aux populations vulnérables ».
Les objectifs de cette mission : Améliorer la valorisation des investissements des PAC au profit des bénéficiaires des activités ou des communautés concernées.
Pour ces actions de suivi, 17 microprojets répartis dans 6 régions ont été sélectionnés et 15 ont pu faire l’objet de suivi par rapport aux activités suivantes :
la récupération de terres au moyen de banquettes avec plantation d’arbres et ensemencement d’herbes pour 11 sites,
la fixation de dunes sur 2 sites,
1 microprojet de lutte contre les plantes envahissantes dans un couloir de passage des animaux et 1microprojet de surcreusement de mare.
La première partie de ce rapport traite principalement des microprojets dits de récupération de terres avec réalisation de banquettes (11 sur 15) en s’appuyant sur un exemple concret pour essayer de mieux comprendre les questions que posent ce type d’activité.
La seconde partie présente l’ensemble des résultats des actions de suivi, les analyses proposées et les premières recommandations de la mission.
ATTENTION : Le suivi effectué montre que les aménagements réalisés ne permettront sans doute pas d’atteindre les résultats espérés en termes « d’actifs productifs ». Dans la présentation power point (fichier pdf), il est présenté des exemples d’aménagement réussis.
Le constat assez critique du RECA ne remet pas en cause l’intérêt des microprojets de récupération des terres des programmes d’atténuation des crises alimentaires (PAC) dont le premier objectif reste d’aider les populations en situation de crise alimentaire.
Par contre, ce constat peut demander, à l’ensemble des acteurs, de modifier et/ou d’améliorer leurs approches et pratiques, afin de mieux concilier les deux objectifs : aide à court terme des populations et valorisation des terres. |
Les conclusions
Les options techniques sont très réduites (banquettes, gommiers) et très peu travaillées.
- On applique des recettes qui ont fait leurs preuves mais en les sortant des conditions favorables à leur succès.
- Les causes d’échec sont analysées de manière très simplistes. « La plantation de gommiers ne marche pas car les bénéficiaires n’ont pas la volonté pour garder les parcelles ». Les mêmes actions sont répétées avec les mêmes résultats.
- Il existe de très bons documents techniques. Il faudrait les utiliser pour améliorer la conception des microprojets.
- Il existe des spécialistes capables de proposer des options d’aménagement à partir d’une analyse du milieu.
- Lutte contre le ruissellement, recharge des nappes phréatiques, récupération de terres, revégétalisation, plantations, cela ne sert à rien d’aligner des objectifs pour justifier un financement.
- Les objectifs mériteraient d’être mieux définis au départ avec la participation de la population bénéficiaire.
- Une meilleure définition des objectifs permettrait ensuite de choisir les techniques et options les plus appropriées.
Les ONG qui présentent des dossiers sur financement CCA devraient être qualifiées. Cela peut se faire en suivant une formation obligatoire
- Si les ONG maîtrisent la confection d’une banquette ou d’autres techniques ponctuelles, elles ne semblent pas toutes compétentes pour analyser les questions de gestion des terres, le choix des solutions, les options à discuter avec les bénéficiaires pour leur proposer un choix adapté aux objectifs, les possibilités de valorisation économique…
- Il ne faut pas appliquer une technique que l’on connait, il faut apprendre à résoudre un problème au moyen des techniques dont on dispose.
La participation des bénéficiaires est le plus souvent « marginale ».
- Le cash for work est la première motivation des bénéficiaires. C’est l’accès à une rémunération qui est proposé par les ONG et après on cherche ce que l’on peut faire. Les activités de gestion des ressources naturelles / aménagements servent à justifier la distribution de rémunérations.
- Le problème, c’est que souvent les populations ont plus d’expérience sur les résultats des actions antérieures que les ONG.
La plupart de ces projets demandent la « gestion d’un bien public ». Les conséquences d’un aménagement doivent être étudiées.
Des améliorations possibles ?
- Qualification obligatoire des ONG ou promoteurs des aménagements (OP, communes…)
- Conception d’un dossier qui précise les objectifs poursuivis, les choix techniques réalisés et les personnes qui les ont validés.
- Participation des villageois à la conception du dossier (validation des objectifs poursuivis et choix techniques).
- Renforcement des CRA pour assurer les fonctions de suivi, animation, motivation des bénéficiaires, apports complémentaires.
- Retravailler et compléter les modèles techniques à partir des cas réels au Niger.
Deux documents de référence :
- Recueil de fiches techniques du CILSS ;
- Bonnes pratiques de CES/DRS - Contribution à l’adaptation au changement climatique et à la résilience des producteurs de la GIZ.
Deux notes du RECA réalisées en complément :
- Une recherche bibliographique sur les banquettes et leur utilisation à partir des expériences du Niger et du Sahel. Ce travail a donné lieu à la transcription d’une fiche technique rédigée par le CILSS, complétée par des commentaires du RECA ;
- Une note qui essaye d’évaluer combien pourrait rapporter une plantation de gommiers dans la région de Diffa (70.000 F/ha et non 850.000 F/ha comme indiqué dans la fiche du CCA).
Télécharger le rapport de suivi des microprojets 21 pages, 1,2 Mo.
Télécharger la présentation / résumé 13 pages, 1,3 Mo