ALERTE : une nouvelle maladie sur le moringa au Niger.
Rédaction : Haougui Adamou, Basso Adamou (Institut National de la Recherche Agronomique du Niger / INRAN), Mbaye Ndiaye (Centre Régional Agrhymet), Abdoulaye Ali Koura, Patrick Delmas (RECA).
Au cours d’entretien avec les revendeurs des produits maraîchers du « petit marché » de Niamey en début décembre, ceux-ci ont expliqué que cette année le prix du moringa n’avait pas baissé après la fête du Ramadan car le moringa était « attaqué », ce qui entraine une baisse de la production.
Dans la région de Niamey, le principal ravageur du moringa est une chenille défoliatrice (Noorda blitealis) qui fait des dégâts importants mais pas au point de faire chuter la production de manière sensible sur le marché. Le RECA et l’INRAN sont allés vérifier ces attaques dans la zone de production indiquée par les collecteurs, sur la route de Niamey à Torodi, rive droite du fleuve Niger.
Tout autour du village de Toulouaré, les producteurs ont confirmé que depuis un an leurs plantations de moringa sont « malades » et ils ont indiqué les manifestations de cette maladie.
Les arbres ne donnent plus de feuilles. Un producteur a déclaré que la maladie a commencé l’an dernier (2013). Dans sa parcelle, il a récolté 115 sacs de feuilles il y a deux ans, 15 l’année dernière et … 3 cette année. Il dit qu’il va devoir abandonner la culture.
Pour voir les photos présentant les différents symptômes, télécharger la note jointe.
Depuis un an, les producteurs ne peuvent plus renouveler leurs plantations.
Des échantillons de ces arbres (tiges et racines) ont été portés au Centre régional AGRHYMET à Niamey pour une identification de cette maladie.
Les premiers résultats indiquent qu’il s’agit d’un champignon pathogène (c’est-à-dire responsable d’une maladie) dont le nom scientifique est Lasiodiplodia sp (Synonyme=Botriodiplodia) qui a été isolé de tous les échantillons ramenés des champs. |
Ce champignon se rencontre dans toutes les régions tropicales et subtropicales où il provoque le dépérissement de nombreux arbres et arbustes (cacao, anacardier, baobab, manioc, etc.). Au Niger, c’est un des champignons qui provoque le dépérissement des manguiers.
Pour le moment, ce dépérissement du moringa a été observé sur la rive droite du Niger : route Niamey – Torodi, route Niamey – Say et à Gothèye d’après les premières informations reçues.
La première chose à faire serait de déterminer la zone actuelle d’apparition de cette maladie. Si des personnes reconnaissent les symptômes présentés dans cette note, il faut en informer la Protection des végétaux et l’INRAN.
Il faut dès à présent éviter d’acheter des plants ou des semences d’origine inconnue pour ne pas importer la maladie là où elle n’existe pas, en attendant que la Recherche fournisse des consignes plus précises.
Enfin, il faut mettre en place un programme de recherche pour déterminer les mesures de lutte préventive qui peuvent être préconisées : recherche de variétés résistantes, conduite adaptée de la culture, rotations, etc.
Compte tenu de l’importance économique de la culture du moringa dans les zones concernées (jusqu’à 80% du revenu des producteurs) et des dégâts constatés (destruction totale des parcelles), il est urgent de s’occuper de ce fléau qui frappe les producteurs et de tout faire pour éviter sa propagation.
Télécharger la note avec les photos présentant les symptômes de la maladie, 3 pages, 489 Ko.