Suivi demi-lunes agricoles 2014

Suivi et évaluation de la mise en valeur des sites récupérés du programme PAM / FAO sur financement de la Coopération française (2014).

Rédaction équipe technique RECA / Février 2015.

Dans le cadre des activités menées en partenariat par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), une convention a été signée entre le RECA et la FAO pour le suivi et l’évaluation des actions de récupération de terres et de leur mise en valeur avec des demi-lunes agricoles. Le suivi porte sur un échantillon de sites repartis entre les régions de Maradi, Tahoua et surtoutTillabéri.

Le programme de récupération des terres PAM / FAO

La dégradation des terres et la vulnérabilité des ménages au Niger imposent la mise en œuvre d’actions soutenues. Il est essentiel qu’une assistance adéquate, intégrée et coordonnée soit assurée sur le moyen et le long terme pour renforcer la résilience des populations et communautés les plus vulnérables.

C’est dans ce contexte que le PAM, en collaboration avec la FAO, a sollicité de la Coopération française un financement additionnel permettant de récupérer 1.290 ha de terres agricoles en vue d’accompagner les populations vulnérables pour juguler les effets des crises. L’ensemble du programme du PAM a ciblé la récupération de plus de 4.000 ha de terres dégradées à travers les activités vivres, espèces et bons pour la « création d’avoirs » – désignées sous l’appellation« Assistance alimentaire pour la création d’avoirs » (FFA) pendant un mois. Les sites récupérés ont fait l’objet de mise en valeur durant la saison pluviale avec des dotations en semences de qualité des variétés améliorées de céréales.

Le programme qui a fait l’objet de ce suivi portait sur la réalisation de demi-lunes agricoles qui devaient être semées avec des semences de mil certifiées (variété HKP). Au total, il était prévu plus de 4.200 ha de demi-lunes dont une majorité en demi-lunes agricoles, ce qui est très important et intéressant pour observer les résultats de ce type d’aménagement.

Le RECA a privilégié la visite du plus grand nombre de sites dans la région de Tillabéri notamment sur les communes de Dargol et Gothèye qui représentent 40% des sites aménagés. Pour ces deux communes, la presque totalité des sites a été visitée. Dans la région de Tillabéri, le RECA n’a pas regardé les modalités de distribution des semences. Dans les régions de Tahoua et Maradi, le suivi a concerné l’ensemble des activités.

Résumé


Ces quatre photos illustrent les résultats obtenus. Ils sont variables avec des succès et des échecs dus à des difficultés par forcément prévues.
- Certains sites ont donné de très bons résultats. Globalement, au démarrage de ce travail de suivi, le RECA n’était pas très optimiste sur les résultats possibles compte tenu des difficultés constatées les années précédentes. Force est de constater que la « bouteille est à moitié pleine », c’est-à-dire qu’une bonne moitié des sites a donné une production appréciable, dans la majorité des cas sur des terrains qui n’étaient plus cultivés. Il y a bien eu une production supplémentaire sur des terrains récupérés grâce aux aménagements réalisés (demi-lunes), notamment dans la région des plateaux de l’Ouest.
- La pluviométrie a été déterminante dans les résultats mais ses effets sont complexes et difficiles à prévoir. Là où la pluviométrie a été relativement importante, notamment en début de saison des pluies (juillet), elle a provoqué des inondations et l’impossibilité de produire à l’intérieur de la demi-lune. Là où la pluviométrie a été déficitaire, les demi-lunes ont joué leurs rôles (rétention et/ou distribution de l’eau) et permis l’obtention d’une récolte.
- En fonction des terrains (sols et sous-sol, encroutés, indurés ou non), les demi-lunes n’ont pas les mêmes effets et les parties du terrain aménagé favorables à la culture peuvent changer (intérieur de la demi-lune, bourrelet, terrain entre les demi-lunes).
- Certains sites situés sur des glacis (terres rouges) ont donné des résultats acceptables, ce qui est généralement assez difficile à obtenir.
- Les meilleurs résultats ont été obtenus sur des terres individuelles par rapport aux terres « collectives ». Les terres individuelles sont d’anciennes terres de production agricole qui ne pouvaient plus être cultivées depuis plusieurs années vraisemblablement à cause d’un encroutement progressif.
- Malgré la vulgarisation / diffusion des variétés améliorées à cycle court issues des travaux de la recherche, de nombreux producteurs utilisent encore des variétés à cycle plus long qui ont dû mal à s’adapter aux saisons des pluies réduites de ces dernières années (juillet / septembre), et ne connaissent pas les variétés améliorées. La distribution de HKP a été bénéfique et cette variété a été systématiquement plus productive comparée aux variétés traditionnelles à cycle plus long dans un contexte de répartition des pluies difficiles (semis tardif et arrêt précoce).

Les facteurs qui ont joué sur la réussite des aménagements :
- Le choix d’implanter des demi-lunes agricoles sur des terres dégradées mais pas… complètement infertiles ;
- Le choix d’aménager des terres individuelles (moins dégradées, avec une motivation forte des propriétaires, sans conflit avec une utilisation pastorale) ;
- Un effet « population / terroir », les populations les moins favorisées en termes de sol et de pluviométrie se sont plus investies ;
- Un effet ONG, certaines ONG se sont beaucoup investies dans un travail de sensibilisation / mobilisation tant avec les populations bénéficiaires qu’avec les autorités locales ;
- Une capacité d’adaptation de certaines ONG pour prendre en compte le contexte (pluviométrie, sol) qui a permis de faire les bons choix (remplacement du mil par le sorgho, semis entre les demi-lunes, etc.).

Comme l’année précédente dans ce rapport, le RECA insiste sur les aspects techniques (réalisation des aménagements et mis en culture). L’objectif des aménagements est de produire de la « valeur ajoutée » au profit des populations vulnérables, dans le cas des demi-lunes agricoles cela passe par l’obtention d’une production agricole (mil et sorgho principalement) sur les terres restaurées.

Encore plus que pour les aménagements à vocation pastorales et forestières, la nécessité de prendre en compte le terrain s’avère primordiale. Les demi-lunes ne sont de simples trous faciles à réaliser. Faire les bons choix pour la valorisation des terrains est beaucoup plus compliqué (quel type de sol aménager, où faire les semis, quelles plantes cultiver) d’autant plus que le facteur pluviométrie reste aléatoire (trop d’eau ou pas assez d’eau)

Même si cette première année de mise en valeur a été réussie, la réussite de l’opération va dépendre de la suite, c’est-à-dire de la capacité des producteurs et productrices de poursuivre la mise en valeur de leurs terrains pour une amélioration progressive de leur fertilité. Cela demandera aux bénéficiaires un important travail de reprise pour la prochaine campagne (réhabilitation des demi-lunes) et apport de fertilisants organiques. Le RECA poursuivra le suivi de ces sites lors de la campagne 2015.

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