34 premiers bilans d’exploitations familiales d’éleveurs réalisés en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale – Synthèse d’étape
Association pour la Promotion de l’Elevage au Sahel et en Savane (APESS) - Loic Barbedette – Mars 2013
Ce travail d’enquête avait pour but de connaître les caractéristiques actuelles des exploitations familiales « réelles » en zones soudano-sahéliennes, ensuite de comprendre leur fonctionnement, leur logique économique et sociale.
La méthode des bilans simplifiés d’exploitations familiales, qui a déjà fait ses preuves depuis plus de dix ans – mais jusqu’à présent essentiellement en milieu paysan – paraissait particulièrement appropriée pour progresser dans ce sens. Elle permet à partir de l’analyse d’une campagne, de produire avec l’ensemble de la famille des informations quantitatives et qualitatives très diversifiées qui, lorsqu’elles sont recoupées avec celles d’autres familles, renseignent en peu de temps sur les principales caractéristiques et tendances relatives à l’agriculture ou l’élevage familial. Elle permet également de restituer sur la champ à la famille les résultats de sa campagne et de poser avec elle un diagnostic sur son exploitation qui ouvre la voie à l’appui conseil.
Les études de cas réalisées de cette façon par une équipe de 14 personnes dans 4 régions du Burkina Faso et du Niger (Torodi et Kollo) sont présentées avec celles qui avaient été réalisées antérieurement en Afrique centrale dans un document d’étape intitulé « 34 études de cas d’exploitations familiales d’éleveurs – premières analyses tests d’exploitations familiales au Burkina Faso, Niger, Tchad, Nigeria et Cameroun’ (mars 2013) dont la présente synthèse d’étape propose une lecture transversale.
1. La contribution des exploitations familiales visitées à la richesse nationale est significative.
Les 23 exploitations familiales étudiées en Afrique de l’Ouest ont apportées à elles seules en une campagne estimée comme très moyenne (2010/20011) une valeur de plus de 100 millions de F.CFA à la richesse de leur pays, soit en moyenne 4,6 millions de CFA par exploitation familiale.
2. Les exploitations familiales analysées ne réussissent cependant pas toutes à vivre de leur élevage et de leur agriculture.
3. La majorité des exploitations familiales d’éleveurs donne la priorité à l’élevage, mais ce n’est pas le cas de toutes ; la plupart orientent leur production végétale vers l’autoconsommation.
4. Les exploitations familiales qui privilégient l’élevage l’orientent de différentes façons et donnent une importance différente à la production laitière.
Proportion des apports de lait dans la production animale des EF
Une importance donnée à la production laitière très variable selon les régions et les exploitations
Un vaste éventail de stratégies du point de vue de la composition et de la conduite du cheptel
Première observation : la mobilité continue d’être un trait dominant de l’élevage soudano-sahélien
Deuxième observation : trois facteurs paraissent expliquer l’orientation que prend l’exploitation familiale
- L’accès aux ressources
- La culture d’appartenance de la famille (ses valeurs, ses connaissances)
- L’éloignement / proximité des villes et l’accès au marché
5. L’insertion au marché des exploitations familiales d’éleveurs de fait principalement à travers l’élevage.
6. Les charges de production peuvent peser tant sur la production végétale que sur la production animale.
Les charges de production sont en moyenne assez modérées dans les exploitations étudiées : 26% de charges par rapport à la valeur brute de la production pour l’ensemble des exploitations (17% pour le Niger).
7. Le recours à des activités ou des ressources parallèles est une nécessité pour la majorité des exploitations étudiées.
8. Les membres des exploitations familiales exercent une large gamme d’activités extra agro-pastorales.
Ces activités relèvent du secteur secondaire (transformation) et surtout du secteur tertiaire.
9. Les exploitations familiales étudiées maîtrisent encore assez bien leurs modèles de consommation, mais certaines dépenses peuvent faire exploser leur budget.
Ce qui grève les dépenses familiales : les achats de céréales, l’apparition récente de nouvelles dépenses « modernes » liées à l’évolution des modes de vie (pain, essence, téléphone).
10. La consommation est une dimension sensible dans la gestion de l’exploitation familiale.
11. Le cheptel, l’espace et le foncier, les ressources naturelles, l’équipement et les finances sont des éléments critiques dans le capital des exploitations familiales.
Parmi toutes ces dimensions du capital de production, la question de la sécurisation foncière des exploitations familiales d’éleveurs parait la plus « critique ». |
12. La famille comme unité socio-économique : importance des statuts et des rôles.
13. La cohésion familiale, la transmission des connaissances et des valeurs, les alliances, et la reprise de l’exploitation conditionnent sa reproduction.
Les études d’exploitations familiales conduites selon l’approche des bilans simplifiés :
Permettent de mieux connaître et comprendre les dynamique de l’élevage et des exploitations d’éleveurs en zone soudano-sahélienne, et donc de « savoir de quoi l’on parle » quand on traite de l’élevage. C’est un objectif que l’on retrouve dans plusieurs programmes dans lesquels est impliquée l’APESS.
Elles donnent des arguments pour défendre la causes des éleveurs dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques, ce qui est bien une des missions de l’APESS.
Télécharger l’étude, 40 pages (24 pages de texte), 1Mo.
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L’APESS a été créée en 1989 au Burkina Faso après quatre ans de recherche-action avec des éleveurs au lendemain des grandes sécheresses qui ont marqué les pays du Sahel. Elle a son siège à Ouagadougou où est basé son Secrétariat Général.
Elle compte 30.000 membres répartis sur 11 pays avec l’organisation suivante : le pôle Ouest couvre six pays (la Gambie, la Guinée Bissau, la Guinée, le Mali dans sa partie Ouest, la Mauritanie et le Sénégal) avec un siège à Thiès au Sénégal ; le pôle Centre-Ouest couvre quatre pays (le Bénin, le Burkina Faso, le Mali et le Niger), avec un siège à Dori au Burkina Faso ; le pôle Centre-Est couvre quatre pays (le Cameroun, le Nigeria, la République centrafricaine et le Tchad) avec un siège à Garoua au Cameroun.
L’APESS œuvre pour la rénovation de l’activité de l’élevage traditionnel et pour une meilleure implication des éleveurs dans le développement économique, politique et social des pays africains. |
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